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Le sens de nos émotions

Dernière mise à jour : 21 nov. 2021


La nature même de l’émotion s’illustre parfaitement par son étymologie : provenant du latin ex-movere signifiant « mouvement vers l'extérieur », une émotion traduit la réaction physiologique et psychique que nous avons face à une situation extérieure que nous vivons, qu’elle soit agréable ou non.


Lorsque nous sommes traversés par une émotion, notre corps met en route une mécanique fine et complexe allant du traitement de l’information (évènement) à l’origine de la réaction à la réponse en elle-même (mouvement) et son intégration par le vécu (ressenti). C’est un mouvement spontané et naturel du corps. Mais à quoi sert-il ?


Il révèlerait en fait notre capacité à nous adapter à chaque situation de notre vie en nous poussant naturellement à agir, à réagir face à la situation rencontrée, dans une logique de préservation de notre évolution. Cet angle de vue présente l'émotion comme un moyen pour nous permettre de traverser « au mieux » la situation et nous aider à postériori en nous indiquant les besoins profonds à protéger ou satisfaire, aux valeurs universelles c'est à dire partagées par toutes les cultures : besoin de sécurité, de se sentir considéré, en lien avec l'autre, besoin de liberté, d’autonomie, de se sentir aimé et autorisé à aimer, de reconnaissance et d’expression de soi, d’avoir une place dans le monde, de se sentir en capacité d'exprimer sa sagesse, etc.


En synthèse, lorsque nos besoins sont respectés, la joie prédomine. Quand au contraire nos besoins ne sont pas satisfaits, la joie fait place à la colère, la tristesse ou la peur. C’est l’expression du Soi par le corps, un mouvement de l’intérieur vers le monde extérieur, doté de messages sur nous-même.


Peur, colère, tristesse et joie sont les quatre émotions primaires nous animant. Elles se révèlent parfois sous d’autres formes plus élaborées et mélangées. Par exemple, le mépris : une combinaison de la colère et de la peur d’exprimer celle-ci. Elles s’expriment de manière plus ou moins forte, mais on peut toujours revenir à ces quatre émotions de base pour comprendre ce qui se passe en nous :

  • La peur est une réponse émotionnelle reposant sur la partie fuite du réflexe « fuite-combat ». Elle nous permet de nous protéger d’un danger, d’une menace présente ou imminente en activant en nous l’état de vigilance ;

  • La colère, à l’inverse, est la réponse émotionnelle reposant sur la partie combat du réflexe « fuite-combat ». Elle nous sert à défendre, à préserver nos besoins, nos positions ou notre place dans ce monde, nos acquis ;

  • La tristesse, est la réponse émotionnelle exprimant la reconnaissance de la perte de quelque chose ou de quelqu’un d’important pour nous, le signe que nous souffrons d’un manque et elle nous aide en quelque sorte à l’accepter ;

  • La joie, enfin, s’exprime lorsque nos besoins sont globalement satisfaits. Elle nous indique clairement ce qui nous convient profondément, nous rend heureux.

IIl est malheureusement encore d’usage de qualifier les émotions de négatives ou positives (la joie serait «positive», les autres non). Raisonner ainsi nourrit la croyance collective que certaines émotions seraient acceptables et d’autres moins, voire pas du tout. Croyance nourrie depuis longtemps par notre histoire occidentale, notre éducation, la religion et renforcée par une société très attachée à la performance et la maîtrise de soi («ce qui est bien versus mal», «tenir bon, au risque de subir», être «fort», «garder le contrôle»). Cela a des effets par rebond sur notre système de croyances individuelles en limitant notre expression et notre authenticité : « Je n’ai pas le droit de me mettre en colère … ».


Le risque à cela ? Ne pas s’autoriser à vivre pleinement ce qui est, ne pas dire ce que l’on ressent, donc réprimer physiquement et psychiquement cette part de nous-même qui s’exprime alors et qui nous renseigne sur nous même. Ne pas s’écouter ce qui est une manière de se nier soi-même, derrière les masques du contrôle et de maitrise de soi qui sont sources de grandes tensions intérieures à la longue. Une stratégie pour se protéger en apparence certes, mais qui ferme la porte à une richesse plus grande si l’on s’autorise à sortir de la posture figeante du contrôle : pourquoi l’émotion surgit-elle et quel est le besoin à satisfaire derrière ? A qui cela s’adresse-t-il ? Comment exprimer ce que je ressens vraiment ? Faire savoir à l’autre ce qui m’aiderait réellement face à telle ou telle situation ?


Pouvoir vivre au mieux en accord avec ses émotions est nécessaire pour notre équilibre physique et psychique. Chacune présentant une valeur en soi et un précieux indicateur sur notre état intérieur du moment, nous guidant in fine vers la satisfaction de nos besoins profonds. Mais comprendre le sens de nos émotions, le « quoi ? » ou le « pourquoi ? » ne fait pas tout !


Il est aussi important de s’interroger sur le « comment ? », c’est à dire sur la manière de les vivre, de les exprimer au mieux, pour soi et les autres ? Et ouvre une question bien plus large : comment apprendre à satisfaire et protéger nos besoins profonds, de façon respectueuse pour soi-même et celles et ceux qui nous entourent ?


Philippe Bien


Thérapie psycho-corporelle - Somatothérapeute en Relation d'Aide par le Toucher ®

Prise de conscience par le mouvement - Enseignant de la méthode Feldenkrais™ -



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Les techniques et méthodes présentées dans cette publication s'inscrivent dans le cadre d'une démarche de mieux-être, à l'exclusion de tout objectif médical ou paramédical. Elles ne dispensent en aucun cas de consulter un professionnel de santé chaque fois que cela est nécessaire.


Sources :


À quoi servent les émotions ?, par Jean Garneau, psychologue dans La lettre du psy" Volume 1, No 2 (Octobre 1997) clic-ici


Peut-on gérer ses émotions ? par Christophe André dans Sciences Humaines (mai 2006)



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