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Faire des choix : le rôle de nos émotions

Dernière mise à jour : 9 mai 2021

Qu'est-ce qui influence nos choix ? C'est une question que bon nombre de personnes se posent. Car parfois nous avons du mal à passer le pas, à choisir... Pourquoi ?

crédit photo : Victoriano Izquierdo

Choisir, c'est décider...


Choisir, c'est d'abord avoir le choix entre plusieurs possibilités et la faculté de décider, d'opter pour une option plutôt qu'une autre. Cette possibilité de décider sous-entend de se sentir suffisamment libre pour le faire. Toute notre vie, nous sommes amenés à faire des choix : pour des questions quotidiennes tout à fait anodines comme le fait décider ce que l'on va préparer à diner autant que pour des questions à plus forts enjeux pour nous-mêmes, comme par exemple choisir de changer de job ou déménager. La palette est tout simplement infinie car il ne se passe pas en fait une seconde sans que nous ne soyons amenés à choisir pour nous-même : dans le fait de respirer ou de bouger, faire tel ou tel mouvement... Choisir, c'est d’abord agir pour soi. Et dans certains cas, nous prenons des décisions en pensant d’abord aux conséquences pour autrui, au détriment de soi.


Le rôle des émotions dans le processus de décision


Sur un plan cognitif et en synthèse, le processus de choix se déroule en deux temps distincts, même si parfois le tout ne dure pas plus d'une seconde ! Tout d'abord, nous évaluons les options s'offrant à nous. Puis nous optons pour une option en fonction de critères personnels et des enjeux associés.


A chaque étape, les émotions rentrent en jeu dans ce processus. C’est Antonio Damasio, médecin et professeur en neurologie, neurosciences et en psychologie qui en 1994 a mis en avant le rôle incontournable des émotions dans le processus de décision, donc de choix. Avant, la prise de décision était plutôt considérée comme un processus logique motivé presque exclusivement par des critères purement rationnels et logiques. En fait, décider implique les deux : notre part logique, rationnelle et notre part émotionnelle. Techniquement, c’est généralement un processus extrêmement rapide, moins d’une seconde mais là encore il faut distinguer deux cas. D’un côté, la situation, subite, nécessitant une prise de décision rapide et faisant appel à la partie « réflexe » de notre système émotionnel : par exemple, s’enfuir face à un danger (peur). De l’autre côté, une situation de choix qui introduit un processus cognitif avec plus de temps pour la réflexion où les émotions peuvent non seulement nous servir d’indicateur à l’évaluation des différentes options qui s’offrent à nous, mais aussi pour nous aider à confirmer que la décision prise est la bonne.


Les émotions étant un message du corps, l’expression d’un mouvement de l’intérieur vers l’extérieur, on perçoit déjà là le lien entre l’esprit et le corps dans le fait de faire des choix.


Quand choisir n’est pas chose aisée et que les émotions nous freinent


Parfois, nous n'arrivons pas à choisir ou bien c'est difficile. Voire nous nous disons que nous n'avons pas le choix face à une situation donnée. Mais est-ce vraiment le cas ? N'est-ce pas plutôt notre état émotionnel qui nous empêche de voir les options, les possibilités qui s'offrent réellement à nous ? Non pas que le champ des possibles soit finalement si restreint que cela, mais plutôt que nous n'arrivons pas à décider sous le coup des émotions. Pourquoi ? La peur est souvent notre premier frein à la décision, mais la tristesse entre aussi parfois en jeu : peur de perdre quelque chose, peur de l'échec, triste de renoncer à certains possibles qui s'offraient à nous mais que nous n'avons pas choisies de suivre. Faire un choix implique tout autant de renoncer à ces possibilités que d'accueillir la part d’inconnu de l’option que nous avons finalement retenue et que nous allons mettre en œuvre. Écouter nos émotions permet de prendre conscience, de mettre en perspectives ce qui se joue pour nous à l'heure du choix ou ce qui motive intérieurement notre indécision.


Indécis par nature ?


Il est rare de rencontrer des personnes qui sont indécises tout le temps, dans tous les aspects de leur vie. En général, les personnes sujettes à des états d’indécision sont soit face à cette difficulté de manière épisodique parce qu’elles traversent un évènement de vie particulier (deuil, rupture, situation difficile), soit rencontrent des états d’indécision dans un domaine particulier de leur vie (sphère familiale, sphère professionnelle, sphère social ou dans leur relation avec elle-même). Il est donc fondamental de bien clarifier dans quels aspects de notre vie nous sommes face à l’indécision, quand et pour quelle nature de choix à faire.


D’autre part, notre éducation reçue de la part de nos parents ou tuteurs, notre propre expérience de vie participent à forger un système de croyances propre à chacun.e qui parfois peut nuire à l’aisance de décider parce qu’il nous limite. Par exemple si nos parents, ou l’un des deux, avaient eux-mêmes des difficultés à décider, il est possible qu’enfant, nous nous soyons imprégné de cela et que nous ayons intégré ce fait dans notre propre système de croyances jusqu’au point de réellement expérimenter plus tard que « faire des choix, c’est pas facile ! ». Nous créons notre réalité à partir de ce que l’on croit ! Une personne peut aussi avoir développé la croyance limitante qu’il n’est pas capable de faire des choix, de prendre une décision pour lui-même si l’un de ses parents (ou les deux) a toujours pris les décisions à sa place lorsqu’il était enfant sans jamais lui demander son avis ou bien si ce parent n’a jamais cessé de lui répéter (ou même de le penser sans le dire) qu’il était « nul et qu’il n’arrivera jamais à rien dans la vie ». C'est un cas extrême qui vaut pour illustration, mais pas inexistant !


Comment augmenter sa capacité à faire des choix plus facilement ?


Choisir au mieux appelle à faire grandir la confiance en soi et l'autonomie de décider. Cela suppose de se brancher sur ce qui participe à sa stabilité intérieure et son désir, ses envies.


Et là, le corps peut nous y aider ! D’abord parce qu’il est le siège des émotions et qu’une meilleure connaissance de son propre paysage émotionnel, de ses ressentis permet de ne pas se laisser gouverner par ses émotions, mais au contraire de vivre de manière plus agile en les accueillant au mieux. Avoir une meilleure connaissance de soi-même par l'écoute de ses émotions amène à être plus conscient de ses besoins profonds ce qui participe à faire de meilleurs choix puisque logiquement, nous interrogeons implicitement nos besoins lorsque nous évaluons les possibilités qui s’offrent à nous.


Sur un plan plus psychologique, un travail d’exploration et d’aération des croyances sur la vie, sur les autres et sur soi-même, notamment celles qui nous limitent en lien avec la thématique de la prise de décisions et du choix permettent de dénouer les tensions du corps associées, empêchant de fluidifier ce processus. Ce travail à la fois sur le plan corporel et sur le plan psychique permet de mieux cerner ses besoins, de changer de point de vue sur ce qui nous empêche pour élargir la palette des actions possibles, de gagner en confiance en soi, s'engager et d'être plus serein face à l’avenir.


« Tant que vous ne vous engagez pas, il y a hésitation, la possibilité de se rétracter demeure et l’inefficacité domine. En ce qui concerne tous les actes d’initiatives et de création, il est une vérité élémentaire dont l’ignorance élimine d'innombrables idées et fait avorter des projets splendides : Dès le moment où l’on s’engage pleinement, la providence se met également en marche. Pour vous aider, se mettent en oeuvre toutes sortes de choses, qui sinon n’auraient jamais eu lieu. Tout un flot d’évènements découlent de cette décision, créant en votre faveur toutes sortes d’incidents imprévus, des rencontres et des aides matérielles que vous n’auriez jamais rêvé de voir sur votre chemin. J'ai acquis un respect profond pour un des couplets de Goethe : "Quoi que vous puissiez faire ou rêver, vous pouvez le faire, commencez. L'audace a du génie, de la puissance et de la magie." »

W.H Murray

("The Scottish Himalayan Expedition" - 1951)



Philippe Bien


Thérapie psycho-corporelle - Somatothérapeute en Relation d'Aide par le Toucher ®

Prise de conscience par le mouvement - Enseignant de la méthode Feldenkrais™ -

www.inamovemento.com


Pour aller plus loin sur ce thème :


- La somatothérapie : une thérapie où le corps a la parole (blog) : accéder à l'article clic-ici


- l'anxiété : l'inquiétude face à l'avenir (blog) : accéder à l'article clic-ici


- Le sens de nos émotions (blog) : accéder à l'article clic-ici


Les techniques et méthodes présentées dans cette publication s’inscrivent dans le cadre d’une démarche de mieux-être, selon une approche complémentaire aux soins médicaux conventionnels. Elles ne peuvent se substituer à un traitement médical en cours et ne dispensent pas de consulter un médecin chaque fois que cela est nécessaire.

© Inamovemento - 2019


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