Le burn out, syndrome d’épuisement professionnel, est la manifestation d’une souffrance liée au travail qui se caractérise par un épuisement physique, émotionnel et mental de la personne. Plus qu’un état, c’est un processus dans laquelle celle-ci se retrouve traversant une succession d’étapes, une spirale menant à l’amenuisement de ses ressources intérieures, de son capital physique et psychique. Au plus fort de la crise, souvent sous la tension créée par une situation stressante, "les ressources internes de la personne viennent à se consumer comme dans l’action des flammes" (1).
En France, en 2014,le nombre de personnes présentant un risque élevé de burn out était estimé à environ 3 millions, soit 12 % de la population active (2). L’Académie Nationale de Médecine estimait à 100 000, le nombre de cas avérés en 2016 (3). En 2021, 38 % des salariés seraient en situation de détresse psychologique selon une récente enquête (4) (5).
Qu'est-ce qui caractérise le syndrome d'épuisement professionnel ?
On pourrait retenir 3 signes caractéristiques du burn out :
un épuisement physique et psychique, où s’installent en général une fatigue extrême et une dégradation des facultés cognitives (capacité à mémoriser, à raisonner ou à s’organiser). Le corps se met en berne, à l'arrêt, dit "STOP" ! D'autres manifestations physiques peuvent apparaître comme les troubles musculo-squelettiques, la dégradation de la qualité du sommeil, du système cardiovasculaire, etc ...
un comportement cynique vis à vis du travail : la personne, souvent très investie auparavant, se désengage en mettant de la distance vis-à-vis de ses collègues et de la structure dans laquelle elle évolue, tout en y associant une vision péjorative, dure et dévalorisante sur la structure, la nature des tâches et sur les personnes avec qui elle interagit. La colère, la tristesse et l’amertume sont souvent les émotions qui dominent
la perte de l’accomplissement personnel dans le travail, à savoir la valeur et le sens que la personne y trouvait. Elle a tendance à se dévaloriser en se sentant inefficace ou pas à la hauteur. Le sentiment d’impasse ou d’imposture émergent.
On confond souvent le burn out avec la dépression, mais ils sont différents : autant la dépression se caractérise par une perte généralisée du goût de vivre, autant la souffrance liée au burn out se circonscrit plutôt à notre sphère professionnelle, même si cette situation de crise peut avoir aussi des répercutions sur les autres sphères de notre vie.
Aux racines de la crise ...
Les causes de burn out se placent à la fois dans les conditions de travail défavorables pour la personne (organisation du travail, environnement de travail, relations interpersonnelles) et dans les traits de sa personnalité (place de la valeur « travail » dans sa vie, tendance à s’investir trop, difficulté à gérer les contraintes, perfectionnisme ...).
C’est "le résultat de la rencontre entre un individu et une situation" (6). Les facteurs personnels entreraient en compte à hauteur de 40 % dans les causes de l’épuisement professionnel et les facteurs organisationnels à hauteur de 60 % d'après les études sur le sujet (3).
La part du cadre de travail (l’organisation, l’environnement et les relations interpersonnelles) dans la survenance du problème, notamment par les risques psycho-sociaux associés est donc importante. Il incombe donc aux entreprises d’agir de manière préventive et corrective afin de réduire les risques professionnels, détecter les personnes qui seraient en situation de fragilité pour les accompagner au mieux et d’adapter le cadre à la réalité vécue par ses collaborateurs.
Néanmoins, les facteurs personnels entrant aussi en compte dans les causes de l'épuisement, la personne faisant face à cette situation est invitée à prendre soin d'elle et mettre du sens à ce qui lui arrive : comprendre les raisons qui ont fait qu'elle s'est retrouvée dans cette impasse ou qu'elle n'a pas pu l'éviter, trouver comment aborder différemment sa relation au travail pour éviter de revivre dans le futur ce type de crise, envisager le cadre et les conditions de travail qui seraient satisfaisants pour elle à l'avenir.
Comment se sortir de l'impasse ?
Se ressourcer en étant accompagné
Traverser cette situation demande le plus souvent de prendre ses distances temporairement avec la situation stressante et d'être accompagnée individuellement de manière pluridisciplinaire, sur le plan physique et psychique, pour la dépasser. D’abord se ressourcer, puis donner du sens à ce qui s'est passé en faisant un travail sur soi pour préparer son retour au travail en l'envisageant plus serein.
Le burn out n'est pas qu'une souffrance mentale, le corps a été aussi en général sérieusement malmené par la situation et s'est mis à l'arrêt. Aussi, il est important que dans l'après burn out, une place de choix soit redonnée à son bien-être corporel et à son mieux-être global pour se remettre doucement en mouvement et retrouver de l'énergie : reprendre progressivement une pratique sportive, commencer une pratique corporelle comme le yoga, le Qi Qong ou le Tai Chi, la méthode Feldenkrais, la relaxation, etc.
Prioritairement, il est fondamental que toute personne se sentant en situation de souffrance liée au travail se fasse aider en allant consulter sans délai son médecin traitant et la médecine du travail pour envisager la meilleure façon de surmonter la crise et bénéficier d'un accompagnement et d'un traitement médical adapté.
En outre, un accompagnement en psychothérapie ou en thérapie psycho-corporelle par un professionnel formé en relation d'aide (psychiatre, psychologue, psychothérapeute ou thérapeute) est recommandé. Ce travail sur soi permettra à la personne, grâce à une approche adaptée, de mettre du sens à ce passage douloureux et de mieux le dépasser pour aller vers un épanouissement professionnel plus durable. Ce parcours est aidant pour comprendre les racines du problème et savoir détecter les facteurs déclenchant ou aggravant, recontacter ses ressources personnelles (psychiques et corporelles) et reconnaitre ses envies profondes, apprendre à améliorer son cadre et/ou sa relation au travail, sa relation aux autres ; retrouver son pouvoir personnel et son élan vital, sa confiance en soi et un meilleur équilibre émotionnel.
Prendre le temps de préparer son retour au travail
Ce période de reconstruction sera peut-être l’opportunité d'envisager une reconversion professionnelle ou un changement radical de cadre de travail, même si cela n'est pas un passage obligé : quelle que soit la forme que prendra le tournant professionnel après la crise, c'est plutôt le sens pour soi que l'on y donnera qui sera important. Aussi, préparer au mieux sa reprise du travail en se donnant du temps permettra de maximiser ses chances de réussite et de continuer sa route en s'accordant au mieux avec ses aspirations profondes, ses capacités et le monde qui nous entoure.
Philippe Bien
Psychopraticien - Somatothérapeute en Relation d’Aide par le Toucher - Thérapie psycho-corporelle
Praticien de la méthode Feldenkrais
Pour en savoir plus sur ce thème :
La somatothérapie : une thérapie où le corps a la parole (blog). Accéder à l’article : clic-ici
Reprendre des forces avec la somatothérapie (Psychologies Magazine) : accéder à l’article clic-ici
le sens de nos émotions (blog) : accéder à l’article clic-ici
Thérapie psychocorporelle (Santé Magazine – 11/02/2019) : accéder à l’article clic-ici
La méthode Feldenkrais : clic-ici
Pour en savoir plus sur mes propositions d’accompagnement : clic-ici
Sources :
- Le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout, Ministère du Travail (2015)
- Burn out : des solutions pour se préserver et pour agir, C. Maslach et M P. Leiter (Auteurs), P. Légeron (Préface), Les Arènes (2016)
- (1) H. Freudenberger dans l'article « Staff burnout » (1974)
- (2) Etude par le cabinet Technologia.
- (3) Le burn-out, Rapport de l'Académie Nationale de Médecine (2016)
- (4) Etude Opinion Way pour le cabinet Empreinte Humaine
- (5) Notons toutefois une disparité dans les chiffres portant sur le sujet, s'expliquant peut-être par la nature complexe de ce dernier, la difficulté à le circonscrire et les méthodes d'analyse employées, ce qui invite à observer une certaine réserve lorsqu'il s'agit de les interpréter. (NDLA)
- (6) Claude Veil, psychiatre, « Les états d’épuisement ». Le Concours médical, Paris, 1959
- Notes personnelles
Les techniques et méthodes présentées dans cette publication s’inscrivent dans le cadre d’une démarche de mieux-être, selon une approche complémentaire aux soins médicaux conventionnels. Elles ne peuvent se substituer à un traitement médical en cours et ne dispensent pas de consulter un médecin chaque fois que cela est nécessaire.
© Inamovemento – 2021 ; Crédits photos : Daphne, Luis Villasmil, Tangerine Newt (unsplash)
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